Le Chancellor - Jules Verne - ebook

Le Chancellor ebook

Jules Verne

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Opis

Le roman parle du navire, dans les cales où commence à brûler la charge de coton. Au début, l’incendie n’est pas détecté explicitement, mais au fil du temps, la flamme se déclare. Un groupe de passagers est sauvé sur un radeau construit à la hâte construit à partir des restes d’un navire, et le radeau commence à dériver à travers les immenses étendues de l’océan. Dans la situation de manque de nourriture et d’eau douce, les qualités des personnes se manifestent, qui sont profondément cachées pendant leur existence paisible.

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Jules Verne

Le Chancellor

Martin Paz

Varsovie 2019

Table des matières

MARTIN PAZ

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

JOURNAL DU PASSAGER J.-R KAZALLON

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

Chapitre XVI

Chapitre XVII

Chapitre XVIII

Chapitre XIX

Chapitre XX

Chapitre XXI

Chapitre XXII

Chapitre XXIII

Chapitre XXIV

Chapitre XXV

Chapitre XXVI

Chapitre XXVII

Chapitre XXVIII

Chapitre XXIX

Chapitre XXX

Chapitre XXXI

Chapitre XXXII

Chapitre XXXIII

Chapitre XXXIV

Chapitre XXXV

Chapitre XXXVI

Chapitre XXXVII

Chapitre XXXVIII

Chapitre XXXIX

Chapitre XL

Chapitre XLI

Chapitre XLII

Chapitre XLIII

Chapitre XLIV

Chapitre XLV

Chapitre XLVI

Chapitre XLVII

Chapitre XLVIII

Chapitre XLIX

Chapitre L

Chapitre LI

Chapitre LII

Chapitre LIII

Chapitre LIV

Chapitre LV

Chapitre LVI

Chapitre LVII

MARTIN PAZ

I

Le soleil venait de disparaître au-delà des pics neigeux des Cordillères ; mais sous ce beau ciel péruvien, à travers le voile transparent des nuits, l’atmosphère s’imprégnait d’une lumineuse fraîcheur. C’était l’heure à laquelle on pouvait vivre de la vie européenne et chercher en dehors des vérandas quelque souffle bienfaisant.

Tandis que les premières étoiles se levaient à l’horizon, de nombreux promeneurs allaient par les rues de Lima, enveloppés de leur manteau léger et causant gravement des affaires les plus futiles. Il y avait un grand mouvement de population sur la Plaza-Mayor, ce forum de l’ancienne Cité des rois. Les artisans profitaient de la fraîcheur pour vaquer à leurs travaux journaliers, et ils circulaient activement au milieu de la foule, criant à grand bruit l’excellence de leur marchandise. Les femmes, soigneusement encapuchonnées dans la mante qui leur masquait le visage, ondoyaient à travers les groupes de fumeurs. Quelques señoras, en toilette de bal, coiffées seulement de leur abondante chevelure relevée de fleurs naturelles, se prélassaient dans de larges calèches. Les Indiens passaient sans lever les yeux, se sachant trop bas pour être aperçus, ne trahissant ni par un geste ni par un mot la sourde envie qui les dévorait, et ils contrastaient ainsi avec ces métis, rebutés comme eux, mais dont les protestations étaient plus bruyantes.

Quant aux Espagnols, ces fiers descendants de Pizarre, ils marchaient tête haute, comme au temps où leurs ancêtres fondaient la Cité des rois. Leur mépris traditionnel enveloppait tout à la fois et les Indiens qu’ils avaient vaincus, et les métis, nés de leurs relations avec les indigènes du Nouveau-Monde. Les Indiens, eux, comme toutes les classes réduites à la servitude, ne songeant qu’à briser leurs fers, confondaient dans une même aversion les vainqueurs de l’ancien empire des Incas et les métis, sorte de bourgeoisie, pleine d’une morgue insolente.

Mais ces métis, Espagnols par le mépris dont ils accablaient les Indiens, Indiens par la haine qu’ils avaient vouée aux Espagnols, se consumaient entre ces deux sentiments également vivaces.

C’était le groupe de ces jeunes gens qui s’agitait près de la jolie fontaine qui s’élève au milieu de la Plaza-Mayor. Drapés dans leur poncho, pièce de coton taillée en carré long et percée d’une ouverture qui donne passage à la tête, vêtus de larges pantalons rayés de mille couleurs, coiffés de chapeaux à vastes bords en paille de Guayaquil, ils parlaient, criaient et gesticulaient.

« Tu as raison, André, » disait un petit homme fort obséquieux, que l’on nommait Millaflores.

Ce Millaflores était le parasite d’André Certa, jeune métis, fils d’un riche marchand qui avait été tué dans une des dernières émeutes du conspirateur Lafuente. André Certa avait hérité d’une grande fortune, et il la faisait habilement valoir au profit de ses amis, auxquels il ne demandait que d’humbles condescendances en échange de ses poignées d’or.

« À quoi bon ces changements de pouvoir, ces pronunciamientos éternels qui bouleversent le Pérou ? reprit André à haute voix. Que ce soit Gambarra ou Santa-Cruz qui gouverne, il n’importe, si l’égalité ne règne pas ici !

– Bien parlé, bien parlé ! s’écria le petit Millaflores, qui, même sous un gouvernement égalitaire, n’eût jamais pu être l’égal d’un homme d’esprit.

– Comment ! reprit André Certa, moi, fils d’un négociant, je ne puis me faire traîner que dans une calèche attelée de mules ? Est-ce que mes navires n’ont pas amené la richesse et la prospérité dans ce pays ? Est-ce que l’utile aristocratie des piastres ne vaut pas tous les vains titres de l’Espagne ?

– C’est une honte ! répondit un jeune métis. Et tenez ! Voilà don Fernand, qui passe dans sa voiture à deux chevaux ! Don Fernand d’Aguillo ! C’est à peine s’il a de quoi nourrir son cocher, et il vient se pavaner fièrement sur la place ! Bon ! En voilà un autre ! le marquis don Végal !

Un magnifique carrosse débouchait, en ce moment, sur la Plaza-Mayor. C’était celui du marquis don Végal, chevalier d’Alcantara, de Malte et de Charles III. Mais ce grand seigneur ne venait là que par ennui, et non par ostentation. De tristes pensées se concentraient sous son front péniblement courbé, et il n’entendit même pas les envieuses réflexions des métis, quand ses quatre chevaux se frayèrent un passage à travers la foule.

« Je hais cet homme ! dit André Certa.

– Tu ne le haïras pas longtemps ! lui répondit un des jeunes cavaliers.

– Non, car tous ces nobles étalent les dernières splendeurs de leur luxe, et je puis dire où vont leur argenterie et leurs bijoux de famille !

– Oui ! Tu en sais quelque chose, toi qui fréquentes la maison du juif Samuel !

– Et là, sur les livres de comptes du vieux juif s’inscrivent les créances aristocratiques, et dans son coffre-fort s’entassent les débris de ces grandes fortunes. Et le jour où tous ces Espagnols seront gueux comme leur César de Bazan, nous aurons beau jeu !

– Toi surtout, André, lorsque tu seras monté sur tes millions ! répondit Millaflores. Et tu vas encore doubler ta fortune !... Ah ça ! Quand épouses-tu cette belle jeune fille du vieux Samuel, qui est Liménienne jusque dans le bout des ongles et qui n’a évidemment de juif que son nom de Sarah ?

– Dans un mois, répondit André Certa, et dans un mois il n’y aura pas de fortune au Pérou qui puisse lutter avec la mienne !

– Mais pourquoi, demanda un des jeunes métis, ne pas avoir épousé une Espagnole de haut parage ?

– Je méprise ces sortes de gens autant que je les hais ! »

André Certa ne voulait pas avouer qu’il avait été pitoyablement éconduit de plusieurs nobles familles dans lesquelles il avait tenté de s’introduire.

En ce moment, André Certa fut vivement coudoyé par un homme de haute taille, aux cheveux grisonnants, mais dont les membres trapus attestaient la force musculaire.

Cet homme, un Indien des montagnes, était vêtu d’une veste brune qui laissait passer une chemise de grosse toile à large col et s’ouvrait sur sa poitrine velue ; sa culotte courte, rayée de bandes vertes, se rattachait par des jarretières rouges à des bas d’une couleur terreuse ; il avait aux pieds des sandales faites de cuir de bœuf, et sous son chapeau pointu brillaient de larges boucles d’oreilles.

Après avoir heurté André Certa, il le regarda fixement.

« Misérable Indien ! » s’écria le métis en levant la main,

« Misérable Indien ! » s’écria le métis.

Ses compagnons le retinrent, et Millaflores s’écria :

« André ! André ! prends garde !

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