Les Cinq Cents Millions de la Bégum - Jules Verne - ebook

Les Cinq Cents Millions de la Bégum ebook

Jules Verne

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Opis

Deux villes sont construites sur Gokol, propriété de Googum, veuve du plus riche rajah indien, en Amérique, en Oregon, à l’état de l’argent, la belle Francesville et le sinistre Stalstadt. Le souverain de Stalstadt, le misanthrope Schulze, rêve de détruire Franseville et son fondateur, le Dr Sarazen, et commence à se préparer à la guerre.

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Jules Verne

Les Cinq Cents Millions de la Bégum

Varsovie 2019

Table des matières

Les Cinq Cents Millions de la Bégum

Où Mr. Sharp fait son entrée

Deux copains

Un fait-divers

Part à deux

La Cité de l’Acier

Le puits Albrecht

Le Bloc Central

La caverne du dragon

« P. P. C. »

Un article de « l’Unsere centurie », revue allemande

Un dîner chez le docteur Sarrasin

Le Conseil

Marcel Bruckmann au professeur Schultze, Stahlstadt

Branle-bas de combat

La Bourse de San-Francisco

Deux Français contre une ville

Explication à coups de fusil

L’amande du noyau

Une affaire de famille

Conclusion

CHAPITRE I

où M. sharp fait son entrée

« Ces journaux anglais sont vraiment bien faits ! » se dit à lui-même le bon docteur en se renversant dans un grand fauteuil de cuir.

Le docteur Sarrasin avait toute sa vie pratiqué le monologue, qui est une des formes de la distraction.

C’était un homme de cinquante ans, aux traits fins, aux yeux vifs et purs sous leurs lunettes d’acier, de physionomie à la fois grave et aimable, un de ces individus dont on se dit à première vue : voilà un brave homme. À cette heure matinale, bien que sa tenue ne trahît aucune recherche, le docteur était déjà rasé de frais et cravaté de blanc.

Sur le tapis, sur les meubles de sa chambre d’hôtel, à Brighton, s’étalaient le Times, le Daily Telegraph, le Daily News. Dix heures sonnaient à peine, et le docteur avait eu le temps de faire le tour de la ville, de visiter un hôpital, de rentrer à son hôtel et de lire dans les principaux journaux de Londres le compte rendu in extenso d’un mémoire qu’il avait présenté l’avant-veille au grand Congrès international d’Hygiène, sur un « compte-globules du sang » dont il était l’inventeur.

Devant lui, un plateau, recouvert d’une nappe blanche, contenait une côtelette cuite à point, une tasse de thé fumant et quelques-unes de ces rôties au beurre que les cuisinières anglaises font à merveille, grâce aux petits pains spéciaux que les boulangers leur fournissent.

« Oui, répétait-il, ces journaux du Royaume-Uni sont vraiment très-bien faits, on ne peut pas dire le contraire !... Le speech du vice président, la réponse du docteur Cicogna, de Naples, les développements de mon mémoire, tout y est saisi au vol, pris sur le fait, photographié.

« La parole est au docteur Sarrasin, de Douai. L’honorable associé s’exprime en français. « Mes auditeurs m’excuseront, dit-il en débutant, si je prends cette liberté ; mais ils comprennent assurément mieux ma langue que je ne saurais parler la leur... »

« Cinq colonnes en petit texte !... Je ne sais pas lequel vaut mieux du compte rendu du Times ou de celui du Telegraph... On n’est pas plus exact et plus précis ! »

Le docteur Sarrasin en était là de ses réflexions, lorsque le maître des cérémonies lui-même, – on n’oserait donner un moindre titre à un personnage si correctement vêtu de noir, – frappa à la porte et demanda si « monsiou » était visible...

« Monsiou » est une appellation générale que les Anglais se croient obligés d’appliquer à tous les Français indistinctement, de même qu’ils s’imagineraient manquer à toutes les règles de la civilité en ne désignant pas un Italien sous le titre de « Signor » et un Allemand sous celui de « Herr ». Peut-être, au surplus, ont-ils raison. Cette habitude routinière a incontestablement l’avantage d’indiquer d’emblée la nationalité des gens.

Le docteur Sarrasin avait pris la carte qui lui était présentée. Assez étonné de recevoir une visite en un pays où il ne connaissait personne, il le fut plus encore lorsqu’il lut sur le carré de papier minuscule :

« Mr. SHARP, solicitor,

« 93, Southampton row,

« London. »

Il savait qu’un « solicitor » est le congénère anglais d’un avoué, ou plutôt homme de loi hybride, intermédiaire entre le notaire, l’avoué et l’avocat, – le procureur d’autrefois.

« Que diable puis-je avoir à démêler avec Mr. Sharp ? se demanda-t-il. Est-ce que je me serais fait sans y songer une mauvaise affaire ?... Vous êtes bien sûr que c’est pour moi ? reprit-il.

– Oh ! yes, monsiou.

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