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Le capitaine Grant s’est embarqué dans un voyage dangereux pour établir une colonie écossaise sur les îles du Pacifique. Mais son navire est en ruine et seule une note à moitié floue dans la bouteille contient des fragments d’informations concernant Grant. Lord Glenarvan à ses risques et périls et poursuit une quête en emmenant avec lui les enfants du capitaine – Mary et Robert. Le chemin des braves voyageurs s’élève à travers les montagnes et les pampas du continent américain, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et des vastes étendues de l’océan Pacifique, où de nombreuses aventures les attendent.
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Jules Verne
Les Enfants du capitaine Grant
Varsovie 2019
Table des matières
PREMIÈRE PARTIE
I. Balance-Fish
II. Les trois documents
III. Malcolm-Castle
IV. Une proposition de lady Glenarvan
V. Le départ du Duncan
VI. Le passager de la cabine n° 6
VII. D’où vient et où va Jacques Paganel
VIII. Un brave homme de plus à bord du Duncan
IX. Le détroit de Magellan
X. Le trente-septième parallèle
XI. Traversée du Chili
XII. À douze mille pieds dans les airs
XIII. Descente de la Cordillère
XIV. Un coup de fusil providentiel
XV. L’espagnol de Jacques Paganel
XVI. Le Rio-Colorado
XVII. Les Pampas
XVIII. À la recherche d’une aiguade
XIX. Les loups-rouges
XX. Les plaines Argentines
XXI. Le fort Indépendance
XXII. La crue
XXIII. Où l’on mène la vie des oiseaux
XXIV. Où l’on continue de mener la vie des oiseaux
XXV. Entre le feu et l’eau
XXVI. L’Atlantique
DEUXIÈME PARTIE
I. Le retour à bord
II. Tristan d’Acunha
III. L’île Amsterdam
IV. Les paris de Jacques Paganel et du major Mac Nabbs
V. Les colères de l’océan Indien
VI. Le cap Bernouilli
VII. Ayrton
VIII. Le Départ
IX. La province de Victoria
X. Wimerra-River
XI. Burke et Stuart
XII. Le railway de Melbourne à Sandhurst
XIII. Un premier prix de géographie
XIV. Les mines du mont Alexandre
XV. Australian and New-Zealand Gazette
XVI. Où le major soutient que ce sont des singes
XVII. Les éleveurs millionnaires
XVIII. Les Alpes australiennes
XIX. Un coup de théâtre
XX. Aland Zealand
XXI. Quatre jours d’angoisses
XXII. Éden
TROISIÈME PARTIE
I. Le Macquarie
II. Le passé du pays où l’on va
III. Les massacres de la Nouvelle-Zélande
IV. Les brisants
V. Les matelots improvisés
VI. Où le cannibalisme est traité théoriquement
VII. Où l’on accoste enfin cette terre qu’il faudrait fuir
VIII. Le présent du pays où l’on est
IX. Trente milles au nord
X. Le fleuve national
XI. Le lac Taupo
XII. Les funérailles d’un chef Maori
XIII. Les dernières heures
XIV. La montagne tabou
XV. Les grands moyens de Paganel
XVI. Entre deux feux
XVII. Pourquoi le Duncan croisait sur la côte est de la Nouvelle-Zélande
XVIII. Ayrton ou Ben Joyce ?
XIX. Une transaction
XX. Un cri dans la nuit
XXI. L’île Tabor
XXII. La dernière distraction de Paganel
PREMIÈRE PARTIE
Chapitre I. Balance-fish
Le 26 juillet 1864, par une forte brise du nord-est, un magnifique yacht évoluait à toute vapeur sur les flots du canal du nord. Le pavillon d’Angleterre battait à sa corne d’artimon; à l’extrémité du grand mât, un guidon bleu portait les initiales E G, brodées en or et surmontées d’une couronne ducale. Ce yacht se nommait le Duncan; il appartenait à lord Glenarvan, l’un des seize pairs écossais qui siègent à la chambre haute, et le membre le plus distingué du «royal-thames-yacht-club», si célèbre dans tout le royaume-uni.
Lord Edward Glenarvan se trouvait à bord avec sa jeune femme, lady Helena, et l’un de ses cousins, le major Mac Nabbs.
Le Duncan, nouvellement construit, était venu faire ses essais à quelques milles au dehors du golfe de la Clyde, et cherchait à rentrer à Glasgow; déjà l’île d’Arran se relevait à l’horizon, quand le matelot de vigie signala un énorme poisson qui s’ébattait dans le sillage du yacht.
Le capitaine John Mangles fit aussitôt prévenir lord Edward de cette rencontre. Celui-ci monta sur la dunette avec le major Mac Nabbs, et demanda au capitaine ce qu’il pensait de cet animal.
«Vraiment, votre honneur, répondit John Mangles, je pense que c’est un requin d’une belle taille.
–Un requin dans ces parages! s’écria Glenarvan.
–Cela n’est pas douteux, reprit le capitaine; ce poisson appartient à une espèce de requins qui se rencontre dans toutes les mers et sous toutes les latitudes. C’est le «balance-fish», et je me trompe fort, ou nous avons affaire à l’un de ces coquins-là! Si votre honneur y consent, et pour peu qu’il plaise à lady Glenarvan d’assister à une pêche curieuse, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir.
–Qu’en pensez-vous, Mac Nabbs? dit lord Glenarvan au major; êtes-vous d’avis de tenter l’aventure?
–Je suis de l’avis qu’il vous plaira, répondit tranquillement le major.
–D’ailleurs, reprit John Mangles, on ne saurait trop exterminer ces terribles bêtes. Profitons de l’occasion, et, s’il plaît à votre honneur, ce sera à la fois un émouvant spectacle et une bonne action.
–Faites, John,» dit lord Glenarvan.
Puis il envoya prévenir lady Helena, qui le rejoignit sur la dunette, fort tentée vraiment par cette pêche émouvante.
La mer était magnifique; on pouvait facilement suivre à sa surface les rapides évolutions du squale, qui plongeait ou s’élançait avec une surprenante vigueur. John Mangles donna ses ordres. Les matelots jetèrent par-dessus les bastingages de tribord une forte corde, munie d’un émerillon amorcé avec un épais morceau de lard. Le requin, bien qu’il fût encore à une distance de cinquante yards, sentit l’appât offert à sa voracité. Il se rapprocha rapidement du yacht. On voyait ses nageoires, grises à leur extrémité, noires à leur base, battre les flots avec violence, tandis que son appendice caudal le maintenait dans une ligne rigoureusement droite. À mesure qu’il s’avançait, ses gros yeux saillants apparaissaient, enflammés par la convoitise, et ses mâchoires béantes, lorsqu’il se retournait, découvraient une quadruple rangée de dents. Sa tête était large et disposée comme un double marteau au bout d’un manche. John Mangles n’avait pu s’y tromper; c’était là le plus vorace échantillon de la famille des squales, le poisson-balance des anglais, le poisson-juif des provençaux.
Les passagers et les marins du Duncan suivaient avec une vive attention les mouvements du requin. Bientôt l’animal fut à portée de l’émerillon; il se retourna sur le dos pour le mieux saisir, et l’énorme amorce disparut dans son vaste gosier.
Aussitôt il «se ferra» lui-même en donnant une violente secousse au câble, et les matelots halèrent le monstrueux squale au moyen d’un palan frappé à l’extrémité de la grande vergue. Le requin se débattit violemment, en se voyant arracher de son élément naturel. Mais on eut raison de sa violence.
Une corde munie d’un nœud coulant le saisit par la queue et paralysa ses mouvements. Quelques instants après, il était enlevé au-dessus des bastingages et précipité sur le pont du yacht. Aussitôt, un des marins s’approcha de lui, non sans précaution, et, d’un coup de hache porté avec vigueur, il trancha la formidable queue de l’animal.
La pêche était terminée; il n’y avait plus rien à craindre de la part du monstre; la vengeance des marins se trouvait satisfaite, mais non leur curiosité. En effet, il est d’usage à bord de tout navire de visiter soigneusement l’estomac du requin.
Les matelots connaissent sa voracité peu délicate, s’attendent à quelque surprise, et leur attente n’est pas toujours trompée.
Lady Glenarvan ne voulut pas assister à cette répugnante «exploration», et elle rentra dans la dunette. Le requin haletait encore; il avait dix pieds de long et pesait plus de six cents livres.
Cette dimension et ce poids n’ont rien d’extraordinaire; mais si le balance-fish n’est pas classé parmi les géants de l’espèce, du moins compte-t-il au nombre des plus redoutables.
Bientôt l’énorme poisson fut éventré à coups de hache, et sans plus de cérémonies. L’émerillon avait pénétré jusque dans l’estomac, qui se trouva absolument vide; évidemment l’animal jeûnait depuis longtemps, et les marins désappointés allaient en jeter les débris à la mer, quand l’attention du maître d’équipage fut attirée par un objet grossier, solidement engagé dans l’un des viscères.
«Eh! Qu’est-ce que cela? s’écria-t-il.
–Cela, répondit un des matelots, c’est un morceau de roc que la bête aura avalé pour se lester.
–Bon! reprit un autre, c’est bel et bien un boulet ramé que ce coquin-là a reçu dans le ventre, et qu’il n’a pas encore pu digérer.
–Taisez-vous donc, vous autres, répliqua Tom Austin, le second du yacht, ne voyez-vous pas que cet animal était un ivrogne fieffé, et que pour n’en rien perdre il a bu non seulement le vin, mais encore la bouteille?
–Quoi! s’écria lord Glenarvan, c’est une bouteille que ce requin a dans l’estomac!
–Une véritable bouteille, répondit le maître d’équipage. Mais on voit bien qu’elle ne sort pas de la cave.
–Eh bien, Tom, reprit lord Edward, retirez-la avec précaution; les bouteilles trouvées en mer renferment souvent des documents précieux.
–Vous croyez? dit le major Mac Nabbs.
–Je crois, du moins, que cela peut arriver.
–Oh! je ne vous contredis point, répondit le major, et il y a peut-être là un secret.
–C’est ce que nous allons savoir, dit Glenarvan.
–Eh bien, Tom?
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