Expédition ebook

MAREK KAMIŃSKI

EXPÉDITION

Traduction : Maria SchneiderRedaction : Serverine Pacholczyk

Droits d’auteur : © Marek Kamiński 2020

Droits d’auteur : © Fundacja Marka Kamińskiego 2020

L’édition originale de ce livre est paru aux éditions Instytut Marka Kamińskiego sous le titre original Wyprawa

Traduit du polonais par Maria Schneider

© pour la traduction française: Maria Schneider 2020

Rédaction : Séverine Pacholczyk

Illustrations: Mariusz Stawiarski

Mise en page : Michał Latusek

ISBN: 978-83-934880-4-9

Publié par:

Instytut Marka Kamińskiego (© Marek Kamiński 2020)

80-266 Gdańsk, ul. Grunwaldzka 212

e-mail: [email protected]

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TABLE DES MATIÈRES

Page de titre

Copyright

Notice biographique sur auteur

Préface

Être un modèle pour quelqu’un

Modèles provenant des livres

Les plates-formes et les ponts avant l’expédition

Découvrir son Nord

En tandem

Difficultés initiales

Comment lire ses propres livres

La route est un but

Graines germinatrices

Sans main courante ni corde de sécurité

Celui qui pose des questions ne s’égare pas

Le commencement couronne l’œuvre

Expédition du Pôle au Pôle

Régime pour nos rêves

Limites du succès

Moteur

Lest sur la tête, lest dans la tête

En harmonie

Saut à ski dans la piscine

Avec un walkman à travers le désert de glace

Objectif, mort de l’expédition

Seule la première place gagne

Goût de l’échec

La terre est ronde et elle ne compte que deux pôles

Bases lunaires en Australie

Une fois leader, une fois membre de l’équipe

Quand tout le monde nous dit « non »

Combat au piolet sur le pôle

La Vistule coule, elle roucoule

Preneur de risque expérimenté

Il ne faut pas avoir peur à l’avance

Lire et écrire en japonais

Explorateur polaire sur le désert de sable

Équipe, le leader et les freins

Encore sur le remorquage

On fait comme ça un point c’est tout

Voyageur et explorateur en pantoufles

Pauvres combattants

Des enfants dans une montgolfière

Rencontre avec un poisson d’or

Faire équipe dans l’équipe

Ensemble au pôle

Épilogue

Notes

NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR AUTEUR

Marek Kamiński (né le 24 mars 1964 à Gdansk, Pologne) est un voyageur de l’extrême et un explorateur polaire, philosophe, innovateur et la première personne à avoir conquis le Pôle Nord et le Pôle Sud la même année et sans aucune aide externe (Pôle Nord le 23 mai 1995, Pôle Sud le 27 décembre 1995). Pour cette exploit, il a été inscrit dans le Livre des records Guinness. M. Kamiński a utilisé son expérience en matière de motivation pour atteindre des objectifs apparemment impossibles et dans des travaux liés aux robots et à l’intelligence artificielle. Il donne des conférences invité par des universités prestigieuses et aux congrès dans le monde entier.

Marek Kamiński est impliqué dans l’action et le travail, par biais de sa fondation, son institut et son entreprise :

Fondation Marek Kamiński (Fundacja Marka Kamińskiego)

Fondée en 1996, sa mission est de soutenir les personnes (en particulier les enfants et les jeunes) dans leur développement personnel et pour réaliser la vision d’une vie meilleure dans un monde durable. En utilisant la méthode de motivation en 10 étapes « Power4Change », la Fondation soutient les personnes qui veulent changer leur vie. Elle leur donne des outils pour déterminer leurs objectifs et pour les atteindre.

Institut Marek Kamiński (Instytut Marka Kamińskiego)

La mission de l’Institut est d’appuyer la prise de conscience mondiale des défis dans le domaine de l’intelligence artificielle et du développement durable ainsi que de promouvoir la foi dans le potentiel humain.

INVENA S.A.

Une société commerciale créée par Marek Kamiński, dont la mission est de désigner de nouvelles tendances et de dépasser les attentes des clients à la recherche d’installations et de systèmes domestiques.

De plus, Marek Kamiński participe actuellement au projet Power4Change 2020 - une tentative du premier voyage autour du monde avec un robot humanoïde NOA pour éduquer les gens sur leur impact sur l’environnement mondial. Le projet comprendra également des recherches et l’exploration de l’aspect pratique de NOA en tant que compagnon de voyage et robot thérapeutique.

Pour en savoir plus sur Marek Kamiński et ses activités, veuillez consulter le site : www.marekkaminski.com

Écrivez ici la devise que vous découvrirez à la fin de cette expédition

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PRÉFACE

Comment chercher ses propres pôles dans la vie, ne pas avoir peur d’en rêver et savoir trouver leur chemin ?

Je me suis souvent posé la question. Les expériences acquises lors de mes expéditions polaires peuvent-elles aider d’autres personnes à atteindre leurs objectifs, à découvrir leurs pôles et à changer de vie ?

J’essaie souvent de m’expliquer comment un garçon moyen, issu d’une famille polonaise moyenne a pu atteindre le bout du monde.

Nombre de ces questions trouvent leur réponse dans ma prochaine expédition, cette fois non pas vers un point précis de la carte du monde, mais au plus profond de ma propre expérience et au partage de cette expérience. Je pense que la vie ne consiste pas seulement à atteindre des pôles lointains, mais à vivre ici et maintenant en harmonie avec soi-même et avec le monde, à être soi-même, à suivre son destin, même si le chemin est difficile et exige de se dépasser soi-même et de dépasser les limites que le monde nous impose.

En voyageant à travers la vie, j’ai découvert qu’il était très important d’aller au fond des choses et d’explorer ce qui se cache derrière des vérités et des schémas trop évidents. Il s’est souvent avéré que ces schémas n’étaient que des superstitions et non des vérités qui s’adressent à nous. Souvent, la vérité est de s’opposer à ces schémas.

Changer de vie est souvent associé à une prise de risques, aux problèmes rencontrés pour surmonter les difficultés, mais il me semble qu’il soit encore plus risqué de ne pas essayer de réaliser ses rêves.

Je vous invite à voyager, à découvrir vos propres pôles. J’espère qu’en cours de route, vous recevrez des conseils sur la façon de les déterminer et de les atteindre.

Il n’est jamais trop tard.

Bon voyage!

ÊTRE UN MODÈLE POUR QUELQU’UN

Personne n’est né pour devenir quelqu’un d’autre.

Est-ce que je veux dans ce livre être modèle pour quelqu’un ? Non. Je ne proposerais à personne de faire sa vie en imitant qui que ce soit. Il est vrai que les modèles peuvent nous mener quelque part, mais il ne servirait à rien d’essayer de répéter la vie d’un autre dans sa propre vie. Dans le passé, je considérais des personnalités comme Edmund Hillary et Roald Amundsen, tels des modèles inégalés, et je rêvais de leur ressembler

Aujourd’hui, d’un certain point de vue, je ne me compare ni à leur grandeur ni à leurs faiblesses. Ce qu’ils ont fait ne sera jamais qu’un panneau indicateur. Il est bon de connaître leur mode de vie, mais pas de les imiter et de devenir comme eux.

Ils font déjà partie de l’histoire des personnages grands ou inconnus, qui peuvent être tout aussi inspirants pour nous. Même si nous pensons que ces personnages étaient parfaits et qu’ils sont parvenus très loin. Notre voie est certainement différente. Personne n’est né pour devenir quelqu’un d’autre. Le but est toujours de devenir soi-même en utilisant uniquement l’expérience des autres. Nous regardons ce que d’autres ont accompli pour trouver notre propre voie, pas nécessairement pour conquérir les sommets ou écrire des livres. Il suffit de définir une nouvelle qualité dans sa vie. Chez les gens que j’admirais autrefois, je recherchais la perfection. Maintenant, je perçois aussi leurs faiblesses. Par exemple, l’alcool dans la vie de Marek Hłasko et d’Ernest Hemingway. Peut-être qu’il est impossible de séparer l’écriture des stimulants, des drogues, peut-être que dans ces cas-là, le premier est le résultat du second, mais ce n’est pas une règle et on ne doit pas se laisser guider par de tels principes. Dans la vie des grands explorateurs polaires comme Amundsen, Shackleton, Scott et Nansen, je vois non seulement des grandes réalisations, mais aussi leurs ambitions tout aussi grandes d’atteindre des objectifs inaccessibles dans ce monde polaire si fascinant et insolite.

Il y avait là des piédestaux, des podiums de la victoire tout prêts et encore vides que l’on pouvait occuper à l’époque. Certes, l’aspiration à prendre place sur le piédestal faisait partie de leur vie, mais c’est surtout l’ambition d’être toujours le premier qui remplissait complètement leur vie personnelle. Ils n’avaient tout simplement pas de vie personnelle, et s’ils fondaient une famille, leurs femmes et leurs enfants devenaient souvent veuves et orphelins. Scott est mort au pôle sud, Ernest Shackleton est mort lors d’une expédition autour de l’Antarctique, Nansen a survécu à ses expéditions et il s’est engagé pour aider les gens. Le sort d’Amundsen est insolite, il est mort en portant secours à son rival, et son corps n’a jamais été retrouvé. J’ai été dans la maison d’Amundsen, une maison merveilleuse, meublée très pratiquement. Elle a été construite au début du siècle dernier. Il était surprenant, par exemple, qu’un homme vivant seul ait installé un bidet. Amundsen était un homme pratique. Il a adopté deux filles inuites qui vivaient avec lui. Après un certain temps, il a dû les renvoyer parce qu’on le soupçonnait à tort qu’il abusait d’elles. Il vivait seul, et pourtant la vie forme un tout, et la proximité de l’autre fait partie de notre qualité d’être humain. Pratiquement tous les grands conquérants du monde polaire vivaient en solitaires, Amundsen n’était pas une exception. Nansen a construit une tour dans sa maison à Oslo, où se trouvait son atelier. Les téléphones existaient déjà à l’époque. Le téléphone de la tour Nansen ne fonctionnait que dans un sens, c’est-à-dire que Nansen pouvait appeler d’autres personnes, mais les autres, même ses proches, ne pouvaient pas l’appeler. C’est un détail très révélateur. Je pense que le prix à payer pour rencontrer le monde polaire est le manque de vie de famille. Cependant, je serais loin de juger. Il est plus facile de juger que de comprendre.

J’avais l’habitude de parler du livre « La fin est mon commencement » de Tiziano Terzani, journaliste et reporter italien. Mon interlocutrice m’a dit qu’après avoir lu ce livre, elle avait compris à quel point Kapuściński valait moins que lui comme écrivain, parce que Terzani écrivait d’une manière authentique et qu’il ne déformait rien. J’aime et je n’aime pas Kapuściński. Certains de ses livres m’ont marqué quand j’étais encore enfant, mais depuis que j’ai commencé à voyager, tout a changé.

Je ne peux pas dire que je les admire encore. Je me suis souvenu de la phrase que lorsque Kapuściński avait atteint le nord, l’air gelait dans ses poumons. Je comprends, cette exagération est un procédé littéraire, néanmoins... C’est peut-être pour cela que la confusion causée par le livre d’Artur Domosławski, qui a écrit une biographie controversée de Kapuściński1, m’a échappée. Mais lorsque mon interlocutrice m’a rappelé cette phrase, j’ai pensé que de telles évaluations étaient trop faciles et injustes. Le livre de Domosławski sur Kapuściński a été écrit, mais nous n’avons pas de livre similaire sur Terzani. Nous ne connaissons que les livres qu’il a écrits. Ils sont, bien sûr, merveilleux, ils se lisent très bien, mais personne n’a suivi ses traces, n’a pas rencontré les gens décrits par Terzani. Peut-être que si un livre avait été écrit sur Terzani, nous aurions découvert qu’il avait déformé la réalité. Juger les gens, mener des enquêtes, c’est un moyen qui ne mène nulle part. Qui sait, peut-être que si nous enquêtions sur Artur Domosławski, il s’avérerait qu’il n’avait aucun droit moral d’écrire un livre sur Kapuściński. La vie humaine est extrêmement compliquée et, à part des méchancetés ou des crimes évidents, elle ne se laisse pas juger facilement.

Nous jugeons souvent différemment selon l’âge. Quand j’avais vingt ans, il me semblait que si quelqu’un n’avait pas fondé de famille, il avait pu consacrer sa vie à explorer, découvrir le monde et sauver l’humanité. Aujourd’hui, je pense que l’absence de famille est un manque, une vie incomplète. Même le fait d’atteindre tous les sommets du monde devrait avoir un but. On peut probablement faire l’expérience de l’amour au cours d’un tel voyage, mais c’est probablement beaucoup moins probable que lorsqu’on est sur le point de fonder une famille. Je dois aussi admettre qu’au cours de mes études, je pensais que l’alcool était quelque chose qui permettait à une personne de toucher la réalité plus profondément et de l’expérimenter plus intensément, il ouvrait d’autres perspectives. Maintenant, je vois davantage les dangers liés à toutes sortes de stimulants, aux drogues, pas seulement à l’alcool. Terzani, quand il était au Vietnam, fumait de l’opium tous les jours. Il a eu la chance de ne pas devenir toxicomane, mais il est devenu dépendant des jeux de hasard. Sa vie est donc aussi une source de réflexion. D’un autre côté, la vie, c’est aussi affronter les menaces et les surmonter. Il est difficile d’imaginer un chemin sur lequel on ne se trompe pas, on ne fait pas de faux pas.

Peut-être que la vie modèle, idéale n’existe tout simplement pas. Il est impossible de séparer les réussites des échecs.

Vu mes connaissances actuelles et certaines expériences, je ne voudrais pas être exactement comme les gens que j’admirais. Au début du chemin, ils peuvent constituer des modèles, des inspirations inégalées, à l’instar des montagnes à l’horizon qui nous inspirent leur conquête. Mais à mesure que nous nous approchons d’elles, nous commençons à voir nos propres sommets et nous voulons les escalader. C’est une bonne chose que les premières montagnes soient là, car elles nous encouragent à prendre la route. Cependant il est nécessaire de découvrir les sommets qui s’élèvent devant nous.

Si je pouvais devenir un personnage au choix de l’histoire du monde, est-ce que je le voudrais ? Je ne le crois pas. Même si c’était la personne la plus parfaite, la plus merveilleuse, quel sens cela aurait-il de répéter les expériences et les voies de ce qui a déjà été fait, écrit, vécu ? Le savoir est utile, mais le plus important doit être fait par nous-même. Demandons-nous au départ si nous aimerions devenir un personnage choisi de l’histoire mondiale. Si nous pouvions choisir entre notre propre vie, que nous ne connaissons pas encore, qui n’est peut-être pas la plus spectaculaire, et la vie de quelqu’un d’autre, déjà vécue et ce, même à la mesure d’Alexandre le Grand, nous déciderions-nous à effectuer un tel échange ? D’ailleurs, je me demande ce que les personnages susmentionnés choisiraient. Peut-être préfèreraient-ils une vie différente ?

C’est une question qui vaut la peine d’être posée : est-ce que je veux être moi-même ? Que signifie accepter la liberté qui est la mienne, avec les inconvénients que cela comporte. Malgré tout, la liberté semble beaucoup plus précieuse que la vie la plus merveilleuse, mais une vie étrangère, qui ne nous appartient pas. Grâce à cette liberté, nous pouvons renaître. Ceci est beaucoup plus fascinant que de vivre une vie dont la fin nous est déjà connue. Nous ne sommes pas tout à fait conscients du pouvoir de liberté que nous possédons et de son potentiel. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’on y pense qu’on l’a déjà. Si nous avons une vision, nous pouvons commencer à la réaliser à tout moment. Les restrictions ne sont peut-être pas illusoires, mais elles sont temporaires, car elles peuvent être surmontées. Quand je pense aux gens qui ont été mes modèles dans mon enfance, je vois leur point commun : ils ont créé une nouvelle qualité. Ils ne copiaient pas les autres, mais découvraient de nouvelles voies, profitant de ce don de liberté.

Pour cette raison, ils pouvaient servir de modèles, ils devenaient des montagnes qui s’élevaient au-dessus de l’horizon et que l’on peut voir de loin.

Laquelle de ces phrases est vraie pour vous ?

A. Il serait vain d’essayer de répéter la vie de quelqu’un dans sa propre vie.

B. Il suffit de définir une nouvelle qualité de vie.

C. Peut-être que la vie parfaite, la vie modèle n’existe pas.

D. Nous ne sommes pas pleinement conscients du pouvoir de la liberté qui sommeille en chacun de nous et qui peut nous guider à pratiquement chaque instant.

MODÈLES PROVENANT DES LIVRES

Il est facile d’apprendre à allumer un réchaud, il suffit de lire le manuel de l’utilisateur. En lisant des livres, vous pouvez comprendre le schéma général de l’expédition.

Les explorateurs polaires ne constituaient qu’une petite partie de mon monde. J’ai beaucoup appris grâce aux livres. Les livres qui ont été lus correctement, c’est-à-dire des livres qui sont vécus comme notre propre destin et notre propre aventure. C’est incroyablement enrichissant quand on lit une centaine de biographies de cette façon. Vous pouvez lire les livres attentivement ou sans attention. Si nous les lisons soigneusement, nous vivons partiellement la vie des autres, ce qui élargit notre expérience et nos connaissances. Si nous ne lisons pas attentivement, c’est comme si nous ne lisions pas du tout. Nous n’acquérons pas de nouvelles expériences, nous ne faisons que compter les titres l’un après l’autre. Grâce aux livres, j’ai commencé à penser aux pôles et aux expéditions. J’ai vécu quelques histoires et je ne voulais pas les répéter, je voulais vivre une histoire similaire, mais une histoire à moi seulement. Les connaissances que j’ai acquises m’ont donné envie de découvrir mes propres pôles. Si je m’étais limité aux schémas reçus dans mon enfance : penser à l’avenir, à ma profession, aux difficultés de la vie, je ne serais allé nulle part. Bien sûr, ce sont des problèmes importants, mais ils sont importants à l’extérieur. Ce qui est le plus important, c’est ce que l’on a à l’intérieur. Pour conduire une voiture, il faut avoir de l’essence, du carburant, mais il est aussi important de savoir où l’on veut aller, si l’on veut tourner en rond ou se fixer un objectif. Si nous limitons notre vie au carburant même, nous ne nous rendrons que d’une station-service à l’autre et c’est ainsi que sera déroulera notre vie entière.

Parce que j’ai lu tant de livres, dans tant de domaines différents, j’ai appris très tôt des modes de vie variés avec leurs mécanismes de réussite et d’échec. À un jeune âge, alors que nous n’avons pas autant de fardeaux à porter, l’assimilation d’une grande quantité de connaissances nous permet de ne pas répéter les erreurs des autres. Il ne s’agit pas de connaissances pratiques et concrètes. C’est une erreur de ne chercher que ce dont on a besoin au travail ou à l’école, juste pour obtenir une bonne note.

S’il s’agit du savoir, des connaissances, c’est le processus d’apprentissage lui-même que j’aimais. Il me semble qu’il n’y a pas de connaissances inutiles. Si seulement nous pouvons apprendre à connaître quelque chose, cela vaut la peine de le faire. Pendant mes études, le seul sujet vraiment inutile était les cours de préparation militaire. Mais j’y allais néanmoins avec l’intention d’apprendre quelque chose. J’ai commencé à poser des questions et l’officier qui dirigeait les cours m’a immédiatement averti qu’il allait m’apprendre à ne plus poser de questions. J’ai réalisé que je n’apprendrai rien... Aujourd’hui, il me semble que lire les journaux est inutile. Nous n’avons besoin que d’un dixième de ces informations. Le problème, c’est qu’on ne sait jamais sur quelle page se trouvent les informations utiles pour nous. Il en va de même pour tous les médias qui nous bombardent d’informations. Le grand problème est de choisir un outil de sélection nous permettant de ne retenir que les informations nécessaires.

Quand j’avalais des livres, je ne le faisais pas dans l’idée qu’ils me serviraient un jour. Je n’étais pas concentré sur l’acquisition de connaissances pratiques. Je ne me souviens pas de la plupart des titres aujourd’hui, mais mon esprit a été formé et ces connaissances sont stockées quelque part dans mon subconscient. Les connaissances, le savoir, c’est quelque chose de plus que de simples compétences, comme par exemple, savoir allumer un réchaud ou plier une tente. Les livres m’ont appris à me comporter dans des situations apparemment désespérées. Il faut chercher une issue, la découvrir, il faut garder l’espoir. Ce schéma se répétait dans presque toutes les biographies : une situation désespérée, mais je me bats, j’essaie, je trouve des solutions, un miracle se produit et je suis sauvé. Cela m’est resté en mémoire. Ce genre de situations et de réactions répétées à plusieurs reprises peuvent se graver dans notre subconscient. Il est facile d’apprendre à allumer un réchaud, il suffit de lire le mode d’emploi. En lisant des livres, on peut comprendre le déroulement général de l’expédition, apprendre qu’il faut être bien préparé dans les situations difficiles, qu’il faut − c’est aussi nécessaire − étudier toutes les instructions pour allumer le réchaud et plier la tente.

La lecture m’a facilité l’apprentissage et l’utilisation de toutes les instructions. Lorsque nous faisons face à un nouveau problème, nous essayons de le résoudre par analogie avec des situations connues.

L’analogie peut être suggérée aussi bien par un livre sur la médecine que par une biographie de voyageur. Pendant l’expédition, le psychique est beaucoup plus important que la forme physique ou les compétences pratiques. La condition physique peut être entraînée, c’est quelque chose de permanent, parce que la capacité du corps, une fois obtenue, ne diminue pas si facilement. Par contre, la capacité mentale peut changer à tout moment et même s’effondrer. Même les mots simples issus de nos lectures, les mots qui nous guident peuvent être utiles. Pour moi, l’appel de Nansen « fram », autrement dit « en avant », est devenu très utile.

Quand la construction mentale n’est pas laissée au hasard, quand elle a son propre tronc, quand on a quelque chose à quoi se cramponner, la construction intérieure nous conduit vraiment au but, et la forme physique ne fait que la porter. La structure interne est − pourrait-on dire − non-directionnelle, sans rapport avec les expéditions polaires, les affaires ou toute spécialisation professionnelle. C’est une certaine prédisposition générale. Mais c’est elle qui décide que nous atteindrons l’objectif fixé.

Pour avoir de bonnes idées dans les affaires, il faut d’abord acquérir, j’en suis convaincu, des connaissances générales sur le monde. Non seulement sur l’économie, mais aussi sur l’homme, sur les coins et recoins de l’âme humaine. Il semble que cela n’a rien à voir avec les affaires. Toutefois, pour découvrir un créneau, il faut aussi avoir beaucoup de connaissances générales, un scanner interne bien large. Regarder ce qui se passe dans le monde des affaires, analyser la situation actuelle ici et maintenant et la comparer avec nos connaissances générales en essayant de découvrir de nouvelles solutions. Grâce à cela, le succès en affaires est souvent atteint par des gens qui ne sont pas économistes de formation, qui n’ont pas non plus étudié les finances, mais qui ont des connaissances générales sur l’homme et le monde dans divers domaines. La culture générale est apparemment suspendue dans le vide, il semble qu’elle n’a rien à voir avec notre vie ici et maintenant, mais tôt ou tard, elle trouve des applications.

Il n’y a pas de connaissances inutiles. Utilisez-vous parfois au quotidien, des connaissances qui n’ont aucun rapport avec votre domaine ? Si rien ne vous vient à l’esprit, il est peut-être temps de faire quelque chose ?

LES PLATES-FORMES ET LES PONTS AVANT L’EXPÉDITION

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DÉCOUVRIR SON NORD

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EN TANDEM

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DIFFICULTÉS INITIALES

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COMMENT LIRE SES PROPRES LIVRES

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LA ROUTE EST UN BUT

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GRAINES GERMINATRICES

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SANS MAIN COURANTE NI CORDE DE SÉCURITÉ

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CELUI QUI POSE DES QUESTIONS NE S’ÉGARE PAS

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LE COMMENCEMENT COURONNE L’ŒUVRE

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EXPÉDITION DU PÔLE AU PÔLE

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RÉGIME POUR NOS RÊVES

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LIMITES DU SUCCÈS

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MOTEUR

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LEST SUR LA TÊTE, LEST DANS LA TÊTE

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EN HARMONIE

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SAUT À SKI DANS LA PISCINE

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AVEC UN WALKMAN À TRAVERS LE DÉSERT DE GLACE

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OBJECTIF, MORT DE L’EXPÉDITION

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SEULE LA PREMIÈRE PLACE GAGNE

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GOÛT DE L’ÉCHEC

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LA TERRE EST RONDE ET ELLE NE COMPTE QUE DEUX PÔLES

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BASES LUNAIRES EN AUSTRALIE

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UNE FOIS LEADER, UNE FOIS MEMBRE DE L’ÉQUIPE

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QUAND TOUT LE MONDE NOUS DIT « NON »

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COMBAT AU PIOLET SUR LE PÔLE

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LA VISTULE COULE, ELLE ROUCOULE

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PRENEUR DE RISQUE EXPÉRIMENTÉ

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IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR À L’AVANCE

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LIRE ET ÉCRIRE EN JAPONAIS

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EXPLORATEUR POLAIRE SUR LE DÉSERT DE SABLE

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ÉQUIPE, LE LEADER ET LES FREINS

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ENCORE SUR LE REMORQUAGE

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ON FAIT COMME ÇA UN POINT C’EST TOUT

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VOYAGEUR ET EXPLORATEUR EN PANTOUFLES

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PAUVRES COMBATTANTS

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DES ENFANTS DANS UNE MONTGOLFIÈRE

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RENCONTRE AVEC UN POISSON D’OR

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FAIRE ÉQUIPE DANS L’ÉQUIPE

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ENSEMBLE AU PÔLE

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ÉPILOGUE

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1 Artur Domosławski : Kapuściński non-fiction, Varsovie 2010 [note du rédacteur].